L’une des plus importantes entreprises de Chine, qui est aussi le numéro 2 de l’immobilier dans le pays risque actuellement la faillite et celle-ci aurait de grandes probabilités d’impacter l’économie mondiale. Une nouvelle qui ne fait pas sourire les hauts dirigeants des différents pays du globe. Effectivement, l’entreprise Evergrande, pourtant âgée de seulement 25 ans a réussi à s’imposer comme étant leadeuse dans son domaine. Elle se retrouve aujourd'hui endettée à hauteur d’une somme équivalente au PIB de l’Afrique du Sud, soit 260 milliards de dollars. Un chiffre colossal qui inquiète aujourd’hui puisqu’avec la crise du COVID-19, le marché de l’immobilier chinois a ralenti sa croissance, posant la question de savoir si Evergrande pourrait réellement rembourser ses dettes. Lorsque la nouvelle a traversé le monde, certains économistes parlaient d’un scénario similaire à celui de Lehman Brother, en 2008. Mais d’ailleurs, que s’est-il passé en 2008 avec cette banque d’investissement ? C’est quoi la crise de 2008 et comment a-t-elle été provoquée ? Devons-nous avoir peur de la potentielle faillite d’Evergrande ?
(Les chiffres de cet article ne sont que des exemples pour illustrer la crise et faciliter la compréhension).
Reprenons l’histoire à son commencement et donc par son contexte. A la fin des années 90, des économistes, entre autres Maurice Allais (physicien et économiste français), remarquent que l’économie mondiale est gérée par les dettes qui atteignent des sommets. La situation peut paraître pour certains experts, instable, mais d’autres n’y voit au contraire, rien d’alarmant. De plus, ce qui donne confiance aux investisseurs est la courbe du marché de l’immobilier qui ne fait que croître depuis 1975. Aux Etats-Unis, les taux de défauts de paiement historiques étaient autour de 1% et jamais tout le monde n’avait fait défaut au même moment. Nous sommes au début des années 2000 et avec de telles données, rares sont ceux qui pensent que tout pourrait s’écrouler du jour au lendemain. C’est pourquoi les banques n’hésitent pas à donner à tous ceux qui le souhaitent, l’opportunité d’acheter un bien immobilier quel que soit le profil de l’acheteur, on parle des primes et des subprimes.
Si quiconque n’est pas parvenu à payer son bien immobilier, alors il y a un défaut de paiement.
Lorsqu’autrui désire acheter une maison par exemple, il devra sûrement passer par la banque pour emprunter de l’argent et s’il y a défaut de paiement, alors la banque pourra saisir le bien, une hypothèque est signée. Ainsi, chaque mois il la remboursera à l’aide d’un crédit sur plusieurs années généralement. Ce crédit comprend le taux d’intérêt que la banque a fixé mais aussi le principal, soit le prix de la maison au moment de la vente et donc la somme qui a été prêtée. Si l’emprunteur est jugé capable de payer les taux d’intérêts et de rembourser ce prêt, alors il est classé dans la catégorie des primes. A l’inverse, si un emprunteur n’a pas un profil qui serait en capacité de rembourser le crédit, alors c’est un subprime. Si quiconque n’est pas parvenu à payer son bien immobilier, alors il y a un défaut de paiement.
Pourtant, au début des années 2000, les banques se sont mises à proposer aux subprimes d’acheter des biens immobiliers. Un comportement qui peut paraître étrange au premier abord mais souvenez-vous, le marché immobilier croît considérablement depuis 1975 et les investisseurs spéculent. C’est pourquoi tout un stratagème était ficelé pour que les acteurs du système ne perdent pas un sou.
Explications avec exemple pour mieux comprendre :
Nous sommes toujours au début des années 2000 et la famille Jackson souhaite acquérir leur première maison en Floride. Problème, la maison en question est trop chère pour eux, ils ne pourraient pas rembourser le crédit. De fait, la banque leur accorde un prêt immobilier où il est bien inscrit dans le contrat que si les emprunteurs n’arrivent pas à rembourser l’intégralité du prêt + les taux d’intérêts (soit, le crédit), alors la banque peut saisir le bien. Les Jackson acceptent le deal, sont donc dans la catégorie des emprunteurs subprimes et bénéficient d’un prêt “Interest-only loan“. C’est-à-dire que puisque la banque les a statué d’emprunteurs subprimes, ils ont accès à ce prêt qui stipule que les acheteurs peuvent ne payer que les intérêts fixés par la banque les premières années, au lieu de débourser de l’argent pour financer les intérêts + le principal.
Seulement le jour où les Jackson doivent désormais commencer à régler les taux d'intérêts + le principal (montant emprunté), ils n’ont plus assez d’économie. Pas de problème, la banque leur propose un nouvel accord en fonction de la nouvelle valeur de la maison. Effectivement, depuis la négociation du premier crédit, la valeur de la maison n’est plus la même. Le marché de l’immobilier étant toujours en pleine croissance, si la maison valait 100 000$ 2 ans auparavant, elle peut en valoir 125 000$ aujourd’hui, donc pour que les Jackson continuent de vivre dans leur maison, ils ont tout intérêt à s’entretenir avec leur banquier. Celui-ci leur accorde alors un refinancement qui est acté en fonction de la valeur de la maison aujourd’hui, soit 125 000$. De cette façon, les Jackson, qui sont des emprunteurs subprimes, vont faire face à des taux d’intérêts plus élevés mais ils peuvent toujours bénéficier d'un nouveau prêt “Interest-only loan“ puisqu’ils ont signé un nouveau contrat. Dans notre cas, qui est une représentation fictive d’une famille classée dans la catégorie des subprimes, le nouveau taux d’intérêt est toujours moins élevé que s’ils devaient payer l’ancien crédit après échéance du premier prêt “Interest-only loan“.
Cependant, une fois que la durée de ce second accord arrive à son terme, les Jackson sont toujours dans l’incapacité de payer la fin de leur crédit, ils sont donc expulsés de chez eux parce qu’ils ont fait défaut. La banque récupère le bien et met la maison en vente à un prix plus élevé puisque pour les banquiers, la valeur des maisons garantissait encore le remboursement des prêts sachant le marché de l’immobilier toujours en hausse. En bref, le système spéculait.
En revanche, si nous étions entrés dans le point culminant du prix du marché de l’immobilier aux Etats-Unis, soit en 2006, alors le marché immobilier stagnait et les Jackson auraient eu 2 options :
Tenter de vendre leur maison et rembourser une partie de leur prêt de cette façon
Faire défaut et être expulsé par la banque.
Nous sommes ici proches du début de la crise économique, mais avant de vous expliquer celle-ci, il faut connaître le système qui représente une véritable organisation.
Lorsque les Jackson ont signé leur contrat avec la banque, celui-ci avait donc une valeur puisque sans lui il n’y avait pas de preuve affirmant que la famille devait rembourser un crédit. C’est pourquoi des banques d’investissements basées à Wall Street, à New York, se sont mises à acheter des contrats aux banques commerciales. Ce système permettait à celles-ci d’avoir davantage de ressources le plus rapidement possible afin de ne pas crouler sous les contrats encore en fonctions et donc de ne plus pouvoir faire de prêts. Ainsi, les banques d’investissements touchaient une plus grosse part du gâteau en reprenant l’argent versé du crédit de la famille Jackson.
Pour notre exemple, lors du premier financement, la maison des Jackson était à 100 000$, nous pouvons donc imaginer qu’une banque d’investissement a acheté le contrat signé de la famille et de leur banque pour 110 000$. Ainsi, leur banque était instantanément remboursée du prêt et percevait en plus un pourcentage d’intérêt (même si celui-ci reste faible). L’investisseur de Wall Street, lui, se fera donc rembourser et touchera ses intérêts grâce au remboursement total du crédit des Jackson, chaque mois qu’est payé le loyer. Une banque d’investissement, sur un exemple comme le nôtre, pouvait donc repartir ici, in fine avec un billet de 150 000$.
Suite à cet achat, la banque d’investissement transformera plusieurs de ses contrats obtenus en 1 seul produit financier, soit 1 seul bloc composé de plusieurs contrats, on appelle ça la “Titrisation“. Ces titres financiers sont ensuite revendus partout à travers le globe, (y compris aux Etats-Unis où plus de la moitié des investisseurs se trouvent), à de nouveaux riches investisseurs où là aussi, les banques d’investissements de Wall Street touchent une commission. Avec ce système, le marché immobilier et financier américain reposait en partie sur la santé économique de ses investisseurs à travers le monde et donc de la santé de l’économie mondiale et inversement.
A cette issue, nous sommes arrivés en 2006 au point où l’offre et la demande stagnaient. Les subprimes pesaient un quart des crédits attribués aux Etats-Unis, soit 600 milliards de dollars et le nombre de défauts de paiement commençait à devenir trop important. Nous avions les banques et les particuliers qui tentaient de vendre leur bien à des acheteurs qui étaient de moins en moins nombreux. Ceci s’explique en partie par le fait qu’ils avaient bien compris que la bulle de l’immobilier qui s’était formée à cause des spéculations allait éclater et que tous les prix allaient chuter, personne ne voulait donc acheter. De plus, qui pouvait même acheter ? Les banques ne faisaient plus confiance à personne et se concentraient plutôt sur les remboursements de leurs prêts plutôt qu’à autoriser de nouvelles transactions qui feraient couler davantage le navire. Les prix chutent donc et les banques d’investissements arrêtent d’acheter des contrats de particuliers aux banques commerciales.
Dès 2007 les premières banques annoncent leur faillite. S’ensuivent les investisseurs qui perdent toutes leurs mises placées dans le marché immobilier américain. Cette réaction en chaîne provoque la faillite de l’une des banques d’investissement les plus vieilles et puissantes au monde, Lehman Brother, en septembre 2008. Le mois suivant, le gouvernement américain annonce la mise en place d’un plan de sauvetage du système financier américain. Rapidement, le monde est touché et pour contrer les effets de cette crise exceptionnelle, les Etats soulèvent des fonds impressionnants, comme la Chine qui annonçait un plan de relance de 461 milliards d’euros.
Aujourd’hui derrière nous, cette crise financière et économique laisse des traces et la peur de revivre la même situation est toujours là. Récemment, c’est l’affaire Evergrande qui fait trembler les économistes. Créée il y a seulement 25 ans, elle a réussi a s’imposer leadeuse dans le domaine de l’immobilier en Chine, seulement elle a bâti son succès sur des emprunts / des dettes. Aujourd’hui l’entreprise se retrouve endettée à hauteur d’une somme équivalente au PIB de l’Afrique du Sud, soit 257 milliards d’euros. La crise du COVID-19 à fait ralentir la croissance immobilière dans le pays, diminuant alors les recettes engrangées par le groupe qui peine désormais à tout rembourser. Une situation dangereuse qui pourrait être à l’origine d’une nouvelle crise économique majeure. Certains experts la comparent même à celle de la crise des subprimes. Ce qui fait craindre une telle situation c’est le nombre d’emplois qui pourraient disparaître si Evergrande faisait faillite. Le groupe compte actuellement 200 000 salariés et fournit indirectement plus de 3,8 millions d’emplois. Nous assisterions donc à un effet boule de neige où, après Evergrande, ce serait au tour des entreprises collaborant avec, de s’effondrer en laissant des millions de travailleurs sans emplois. L’immobilier étant un secteur important dans l’économie chinoise, cet événement pourrait fragiliser l’économie chinoise qui elle-même est clé dans l’économie mondiale puisqu’elle est la deuxième puissance économique. Le monde sera donc bientôt informé du défaut de paiement ou non d’Evergrande et pendant ce temps, les marchés sont toujours sous pression …
Aujourd’hui derrière nous la crise financière et économique de 2008 a lourdement impacté le monde, y compris ceux responsables des plus importantes arnaques, on parle ici de Bernard Madoff et de son système de la pyramide de Ponzi qui pesait à l’époque 65 milliards de dollars. Désormais les Etats ont en partie appris de cette crise en ayant établi des lois qui permettent aux banques une sécurité supplémentaire contre les faillites. La réaction immédiate des Etats est aussi une des clés afin d’éviter que les crises aient un impact trop important sur nos sociétés. Quoiqu’il en soit, à chaque événement nous apprenons et pourtant, il y a toujours des risques. Evergrande est maintenant au cœur de toutes les attentions et représentent pour beaucoup, l’entreprise qui pourrait impacter l’économie mondiale.
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