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La Colombie, son histoire conflictuelle jusqu'aux heurts d'aujourd'hui ...

Depuis le 28 avril 2021, des milliers de Colombiens descendent dans les rues du pays pour manifester contre plusieurs mesures gouvernementales. De cette manière, dans un climat de tension, les heurts policiers-manifestants sont violents et on dénombre à ce jour des dizaines de morts seulement depuis 3 semaines. Récemment, le suicide d’une jeune femme de 17 ans après son arrestation lors de manifestations a fait réagir. Nous voulions donc aujourd’hui revenir sur la situation actuelle en Colombie. A l’image de nos articles sur les situations politiques dans les différents pays du globe, nous allons revenir sur l’histoire de la Colombie, sa guerre de la drogue, pour finalement arriver à vous expliquer quelle est l’origine de ces manifestations violentes qui déferlent dans le pays ces dernières semaines.


Des combattants des Farc en 1998 (crédit :REUTERS / Henry Romero / File Photo)

L’histoire de la Colombie prend racine en 1499 avec Alonso de Ojeda, ancien compagnon de Christophe Colomb, qui découvre ce territoire. Mais il faudra attendre 1525 avec l’arrivée des conquistadors espagnols, la construction de la première ville du pays : Santa Marta. En 1538, la cité Santa Fé de Bogotá est créée par Gonzalo Jiménez de Quesada. La ville prendra plus tard le nom de “Bogota“, capitale actuelle de la Colombie. Ce même homme baptise la région “Royaume de Nouvelle-Grenade“, en référence à sa ville natale, Grenade.

Gonzalo Jiménez de Quesada (Domaine public)

Les Indiens installés dans la région n’échappent pas au travail forcé des colons. La région se développe jusqu’à ce qu’en 1717, la royauté espagnole décide de créer le vice-royaume de Nouvelle-Grenade composé de la Colombie, l'Equateur, le Panama et le Venezuela. Cependant, ce vice royaume disparaît en 1723 pour des raisons économiques.


Le 14 juin 1810 les nationalistes de Carthagènes des Indes tentent un coup d’Etat et seulement un mois plus tard, le 20 juillet, la première guerre d’indépendance fait rage. Cette guerre s’est déroulée fin de libérer la Nouvelle-Grenade des Espagnols. C’est pour cette raison que le 20 juillet a été décrétée fête nationale Colombienne. En 1815, l’Espagnol Pablo Morillo a pour mission de reconquérir la Nouvelle-Grenade. C’est lui qui va initier la fin de cette guerre d’indépendance en 1816 avec le siège de Carthagènes des Indes. Les indépendantistes colombiens sont vaincus par les 10 000 hommes de l’armée royaliste espagnole. En 1819 la situation se retourne et la République de Grande Colombie est proclamée indépendante par le vénézuélien Simon Bolivar. En 1823, la guerre se clôture et les indépendantistes gagnent finalement.


L'armée conservatrice pose pour une photo en 1899 (CC BY-SA 3.0)

Quelques années plus tard, la guerre des “Milles Jours“ frappe le pays du 17 octobre 1899 au 21 novembre 1902. C’est l’une des plus grandes guerres civiles ayant frappé la Colombie et le Panama. Ce conflit oppose le Parti conservateur colombien au Parti libéral colombien. A l’origine, un homme d’Etat, Rafael Núñez, membre du Parti libéral et président des Etats-Unis de Colombie (ainsi nom du pays) puis de la République de Colombie. Ce dernier avait abrogé la constitution fédéraliste de Rionegro de 1863 et l’avait remplacé par la constitution centraliste de Colombie de 1886. Un choix qui a déplu et qui a plongé le pays dans une guerre violente faisant officiellement état de 100 000 morts ! Suite à cette guerre, le Panama se sépare de la Colombie.



Gustavo Rojas Pinilla (Creative Commons)

Près de 50 ans plus tard, le 9 avril 1948, l’homme politique Jorge Eliécer Gaitán, partisan du Parti libéral, est assassiné pour des raisons encore inconnues. Son meurtre provoque la colère des libéraux et des pillages, tueries et autres violentes actions sont perpétrées dans le pays. Plusieurs jours après la mort de Jorge Eliécer Gaitán, l’armée intervient et le bilan humain de cette période de violences s’élève à 1900 morts ainsi que des milliers de blessés. Ces quelques jours de terreur ont été appelés le Bogotazo. Puis, en 1949, le conservateur Laureano Gómez est élu président. De là, la répression des conservateurs va se faire sentir. Une guerre civile naît sous le nom de “La Violencia“ et fait état de près de 300 000 morts. Pour arrêter ce massacre, le 13 juin 1953, un coup d’Etat marque le pays. Le général Gustavo Rojas Pinilla renverse le président Laureano Gómez et prend le pouvoir afin d’instaurer sa dictature militaire. Ce putsch est majoritairement bien accueilli par les politiciens de l’époque.


Quelques années plus tard, à la suite de guérilla communistes, des groupes armés se forment, nous en retenons deux : Les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et l’ELN (Armée de Libération Nationale). Puis, en 1974, le mouvement M-19 fait son apparition. Ces groupes armés contestent fermement le régime politique colombien en commettant des actes terroristes. Les enlèvements, rançons, meurtres, etc, sont pour eux un moyen de se financer.

Mugshot de Pablo Escobar en 1976 (Domaine public)

Les années 80 sont les années d’or du narcotrafic en Colombie avec Pablo Escobar. Son empire terrifie le pays puisqu’il n’hésite pas à tuer ou torturer pour prendre davantage de pouvoir dans la classe politique Colombienne. Son ambition était de devenir président de son pays. Un poste auquel il n’a jamais pu accéder en raison de ses activités de narcotrafiquant sanguinaire de cocaïne. C’est encore aujourd’hui le criminel le plus riche de l’histoire. A la fin de sa vie, il était officiellement détenteur de 30 milliards de dollars ce qui faisait de lui l’un des hommes les plus riches au monde. Il travaillait aussi en collaboration avec Félix Gallardo et les cartels mexicains afin de faire passer sa drogue aux Etats-Unis. Il est tué en 1993 par la police nationale colombienne ce qui met un terme à l’existence de son empire mais c’est là où d’autres narcotrafiquants ont pris la relève.

Le cartel qui a succédé à celui de Medellín est celui de Cali, qui se fait plus discret mais qui restera très violent pendant ses années d'activités.


Iván Duque (Domaine Public)

En 2000, le “Plan Colombie“ est mis en place, la Colombie collabore avec les Etats-Unis afin d’intervenir sérieusement dans le trafic de drogue et les guérillas.

En 2010 la Cour Constitutionnelle renonce à la proposition de loi demandant un référendum afin d’autoriser un troisième mandat pour le président Alvaro Uribe (en poste depuis 2002). C’est finalement Juan Manuel Santos qui est élu. Il sera réélu en 2014. En 2018, c’est Iván Duque qui arrive au pouvoir en tant que président de la République de Colombie. Son Parti politique est Centre démocratique.


Toujours sous le mandat du Président Duque, ces dernières semaines, des heurts ont éclaté en Colombie. On vous explique la situation…

Depuis le 28 avril 2021, les Colombiens sont des milliers à descendre dans les rues du pays pour protester principalement contre le gouvernement de droite du président. Malgré les violences et l’appel au calme de l’ONU, des Etats-Unis, de l’UE et de certaines ONG, la situation ne s’arrange pas. A l’origine de ce mouvement il y a un projet de réforme fiscale. Le Comité National de Grève demandait le retrait du projet de loi visant à hausser les impôts pour lutter contre la pandémie du COVID-19. Les principaux concernés étaient les citoyens de la classe moyenne qui seraient donc davantage taxés. Le projet a été formellement contesté et a finalement été retiré le 2 mai, tout comme le ministre des Finances qui en est à l’origine, qui a été remplacé. Effectivement, avec la crise sanitaire, la Colombie vit des heures sombres. Son PIB a chuté de 6,8% en 2020, la pauvreté touche 42,5% de la population et le chômage 16,8%. Pourtant, les manifestations durent …



Un manifestant brandissant d’une hache face à des policiers dans la ville de Popayan, le 14 mai 2021 (crédit : STRINGER / REUTERS)

Pour les manifestants, ce projet de loi, finalement abandonné, n’a été que le détonateur pour réclamer plus. La population demande aujourd’hui une politique plus sociale en demandant, par exemple, le retrait de la réforme sur la santé qui a pour objectif de réduire l’accès universel à des soins de qualité. Des aides pour les entreprises frappées par la crise sont aussi réclamées, tout comme un accès gratuit à l’éducation. Les abus des forces de l’ordre sont dénoncés et pourtant aujourd’hui ces manifestations ont fait un bilan de 47 morts et 1500 blessés selon l’ONG Temblores.

Au lendemain du premier jour de manifestation, 47 500 policiers et militaires avaient été déployés.

Les manifestants demandent un pays “libre et juste“ et pour cela, ils demandent la démission du président Iván Duque.


Des manifestants et policiers s’affontent à Popayan le 14 mai 2021 (crédit : STRINGER / REUTERS)

Comme vous avez pu le constater, l'histoire de la Colombie est une histoire de conflits, majoritairement internes au pays. De la colonisation espagnole à aujourd'hui, le pays n'a connu que peu d'années sans violence. A l'heure où nous publions cet article, la Colombie est responsable de la production d'environ 70% de la cocaïne qui circule dans le monde. Un chiffre qui ne cesse d'augmenter et qui écarte chaque jour la possibilité de trouver en Colombie une paix interne ...



 
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