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La guerre de communication russe

En 2022, une guerre ne peut plus être que physique. Avec l’évolution du numérique et des moyens de communication, la guerre entre la Russie et l’Ukraine est aussi une guerre de communication. Depuis le 24 février dernier, vous avez pu remarquer que le conflit se déroule aussi sur les réseaux sociaux. Entre propagande et fake news, il peut-être difficile de s'assurer de la véracité d'une information sur ces canaux d’actualités. Pourtant, ceux-ci permettent à la population de contourner, parfois, la censure. Dans cet article, nous allons donc aborder la guerre de communication qui règne dans le conflit russo-ukrainien, en développant l'interdiction de diffusion de la chaîne RT. Dans une seconde partie vous comprendrez comment la Russie endoctrine sa population …


Sommaire :


Photo prise lors d'une manifestation en soutien aux Ukrainiens à Nice. (Crédit : © Maxppp - Roland Macri)

L'histoire derrière la chaîne télévisée (de propagande?) RT ?


RT, anciennement Russia Today, est une chaîne d’informations russe internationale. Elle est financée par l’Etat russe. Fondée en 2005 par l’agence de presse RIA Novosti, elle est la deuxième chaîne d’information étrangère la plus regardée aux Etats-Unis.


Son objectif ? Elle diffuse des informations destinées au public étranger, en dehors des frontières de la Russie tout en produisant du contenu sur Internet. Elle souhaite diffuser une image de la Russie et une vision de l'actualité différentes de celles des médias occidentaux. Elle est diffusée en Europe, en Asie et en Amérique et est disponible en anglais, en arabe, en espagnol, en allemand…


Image des coulisses de la chaîne de télévision RT France (Crédit : © AFP / Iliya Pitalev / Sputnik)

En réalité, cette chaîne d’informations est considérée par de nombreux experts et politiques comme un outil de propagande russe. Elle est adepte de la désinformation pour vanter les mérites de la politique de Vladimir Poutine. La ligne éditoriale est également proche de l'extrême droite sur Internet et adepte du complotisme. RT dispose même d'un correspondant chargé du suivi des affaires d’Illuminati. Formé à la BBC, Tony Gosling serait donc un historien et journaliste d’investigation qui n’hésite pas à expliquer des événements géopolitiques et organisations secrètes par des théories du complot.


Une démission inattendue ...


Dans une Interview datée de 2013, le président russe, Vladimir Poutine, indique que la chaîne “reflète la position officielle du gouvernement russe sur les événements du pays et du reste du monde, d’une manière ou d’une autre. Mais ils n’ont jamais voulu que cette chaîne soit une sorte d’apologétique de la ligne politique russe”.

Une réponse qui pourrait pourtant paraître bancale lorsqu’en 2014, un bad buzz considérable frappe RT. Déjà pointée du doigt pour véhiculer la propagande russe, le 5 mars, la célèbre présentatrice américaine Liz Wahl, démissionne avec affront, en pleine émission. La jeune femme s’explique en direct qu’étant petite fille de grands-parents “arrivés aux États-Unis en tant que réfugiés fuyant les Soviétiques pendant la révolution en Hongrie.", elle “ne peut pas travailler pour une chaîne financée par le gouvernement russe et qui réhabilite les actions de Poutine.“. Rappelons ici que cette intervention arrive au moment où les relations entre l’Ukraine et la Russie deviennent compliquées. En cette période, la Russie tente une invasion partielle de l’Ukraine notamment en Crimée. Seulement quelques jours plus tard le gouvernement russe annonce que la république de Crimée et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, deviennent deux nouveaux territoires appartenant à la fédération de Russie. Le contexte aura aussi poussé, 2 jours avant la démission de Liz Wahl, la présentatrice Abby Martin a dénoncer la présence de troupes russes en Ukraine. Elle s’exclame :

"Ce n’est pas parce que je travaille ici, pour RT, que je n'ai pas d'indépendance éditoriale et je n'insisterai jamais assez sur le fait que je suis contre toute intervention d'un État dans les affaires d'une nation souveraine.".



Des accusations à l'arrêt de diffusion ...


Toujours face aux accusations de propagande, en octobre 2017, Twitter fait supprimer de son réseau les publicités pour Russia Today. En novembre de la même année, Google décide de déclasser RT dans ses algorithmes, de cette manière le média est rendu plus difficile d'accès pour les internautes.

En juin 2018, le CSA averti RT France pour « manquements à l'honnêteté et à la rigueur de l'information ». Au Royaume-Uni, la chaîne est aussi menacée de sanction.


Toutefois, jamais elle n’avait connu d’importantes mises en demeure pouvant se répercuter sur sa popularisation à travers le monde, jusqu’à aujourd’hui.

Alors que la guerre éclate entre la Russie et l’Ukraine, le 27 février 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce l'interdiction de la diffusion dans l'Union européenne de RT. La chaîne est accusée de diffuser des mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour provoquer la division dans l'UE. Le 3 mars, RT America annonce fermer son réseau et licencier la plupart de ses employés. La guerre aura donc eu raison de la chaîne russe à l’étranger. Le journaliste et animateur Frédéric Taddeï, qui présentait depuis 2018 « Interdit d’interdire » sur RT France, déclare démissionner de son poste par “loyauté envers la France“.

Après tous ces événements, la guerre de communication par les chaînes télévisées russes pourrait sembler mal engagée.


Extraits de l'antenne de RT France. (Crédit : © RT France)

Comment la Russie endoctrine sa population ?


Avec la diffusion de Russia Today, nous avons déjà une idée de la manière dont la Russie endoctrine sa population. Désinformation, propagande, fausses interviews, montages vidéo… Tout est bon pour berner la population russe et la faire adhérer à la politique du gouvernement.

Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a débuté il y a déjà quelques semaines, nous nous sommes intéressés à leurs propagandes et à la façon dont ce pays de l'ex Union Soviétique endoctrine sa population.


Premièrement, en Russie, les médias ont actuellement l’interdiction d’employer les termes "guerre" ou "invasion" pour décrire la situation en Ukraine. Les expressions "opération militaire", "introduction de forces militaires" ou encore "opération de maintien de la paix" sont donc privilégiées. La propagande ne s’arrête pourtant pas là puisque les moyens de communication sont bien souvent sujets à répandre des informations détournées, voire complètement fausse. Pour ce faire, les images montrées au public peuvent être montées afin de renforcer la crédibilité de la politique actuelle de la Russie. L’exemple en image :


Le ministre des Affaires étrangères russes s'adresse à une assemblée se vidant (Crédit : © AP)

Vous remarquerez sur cette photo datée du 1er mars, que le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, parle à une assemblée se vidant de son auditoire. Ses 2 discours au siège de l'ONU, devant la Conférence du Désarmement et le Conseil des droits de l’homme, ont été boycottés par la plupart des délégations qui étaient présentes ce jour. Face à ce désastre, les chaînes de télévision russes ont dû agir et présenter un hémicycle rempli. Pour ce faire ils ont diffusé des images d’archives d’un public attentionné qui serait intéressé par le discours en visioconférence du ministre. Véritable montage de propagande, les médias occidentaux se sont précipités pour démentir les faits.


La guerre des réseaux sociaux


Depuis quelques jours certains réseaux sociaux ont aussi été bannis du territoire russe. Facebook qui avait annoncé assouplir ses règles de modérations explique que s’il advenait que des “aspirations et des déclarations conditionnelles de violence" contre des "auteurs d’actes violents", seraient postés sur son réseau, rien ne serait retiré. Poster un message du type “Il serait bon pour la paix dans le monde que de tuer Poutine et son armée“ serait donc laisser en ligne. De plus, les réseaux sociaux sont un bon moyen pour la population d’accéder à des informations fiables concernant la guerre. Face à une telle situation, le Kremlin devrait classer l’entreprise mère de Facebook, META, comme entité ou organisation "extrémiste". Depuis, Facebook est interdit en Russie.

Aujourd’hui, 14 mars 2022, Instagram est aussi banni du sol russe. Depuis l’invasion lancée par Poutine en Ukraine, les réseaux sociaux sont devenus des cibles. YouTube a aussi été retiré du paysage russe, Twitter a été restreint et TikTok a retiré ses activités de Russie.

Le pays de Vladimir Poutine est entré dans le classement des pays interdisant le plus de réseaux sociaux avec la Chine et la Corée du Nord.


Historiquement, la Russie est connue depuis les années 20 pour sa tendance à la désinformation et à la censure. A l’époque, elle était utilisée par l’URSS pour dénoncer les opérations dont elle s’estimait victime, toutefois, ce type d'opérations de communication s’est fait ressentir à l’international durant la guerre froide.


Vladimir Poutine (Crédit : Aleksey Nikolskiy / Sputnik)

Face à une telle guerre de communication, les citoyens russes ne peuvent plus s’informer de manière fiable. La censure et désinformation sont des moyens employés pour façonner l’opinion public afin de le garder de son côté. Cependant, certains s’apercevant de la montée de cet extrémisme n’hésiteront peut-être pas à se rebeller. A l’heure actuelle, tous les médias russes sont contrôlés par l’Etat et risquent des représailles importantes s'ils ne suivent pas le modèle ordonné par le gouvernement. Dans un tel contexte, l’avenir de ce conflit reste toujours incertain mais la question se pose ; est-ce qu’un jour la Russie retrouvera sa crédibilité et son honnêteté ?


 
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