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Le récit d’un jeune migrant et de son hébergeur français !

Ulrich CABREL a quitté le Cameroun à seulement 15 ans pour aspirer à une vie meilleure. Il arrive en Bretagne où il est hébergé par Etienne LONGUEVILLE en octobre 2017. Une complicité se créée entre les deux hommes et va les amener jusqu'à vouloir écrire ensemble l'histoire du parcours d'Ulrich. Le récit est publié aux éditions Philippe Rey le 6 février 2020 et prend le nom de "Boza !".

Pour Grunge News ce roman représente la liberté. La liberté de se battre pour ses désirs, pour sa vie !

Grunge News a alors voulu interviewer les auteurs de ce livre, Ulrich CABREL et Etienne LONGUEVILLE.



Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Ulrich : Je m’appelle Ulrich, élève en Terminale, à Saint-Brieuc. J’ai 19 ans, je suis passionné par la musique, le théâtre et le cinéma.


Étienne : Moi c’est Étienne, 32 ans, bénévole dans une association qui aide et accompagne les jeunes réfugiés en Bretagne. J’ai accueilli Ulrich chez moi pendant un an et nous avons écrit "Boza !" ensemble.



Au départ, comment imaginiez-vous votre parcours ?

Ulrich : Dur, mais pas à ce niveau. On ne peut pas l’imaginer avant de le vivre.



A la frontière Nigérienne lorsque vous voyez les policiers, vous vous dites « Je suis foutu. ». Votre vie s’est alors reposée entre les mains de votre passeur ; dans un tel périple,

comment sait-on à qui faire confiance ?

Ulrich : C’est complexe. Je ne sais pas quoi dire. La confiance est très instinctive. Ça peut arriver de se tromper.



Lorsque vous êtes arrivé au ghetto de Zinder vous étiez sous la gouverne du « patron », chef du ghetto et homme violent. Comment avez-vous vu votre avenir à ce moment-là ?

Ulrich : J’ai cru que tout allait s’arrêter là-bas. Après ce que j’ai vécu, j’ai compris que tout est possible. La vie ne tient qu’à une ficelle.



Si vous aviez à dire quelque chose à toutes les personnes qui vous ont aidé dans votre périple, que leur diriez-vous ?

Ulrich : Très grand merci. J’aimerais les rencontrer à nouveau, dans des conditions plus joviales.



Si à l’inverse, vous deviez dire quelque chose à toutes celles qui vous ont freiné ?

Ulrich : Je leur dis merci aussi, car en voulant me freiner, elles m’ont permis de comprendre des choses sur la vie. C’est après avoir rencontré des mauvaises personnes qu’on réalise la chance qu’on a d’avoir des gens qui nous aiment auprès de nous.



Comment décririez-vous rapidement votre parcours en trois mots ?

Ulrich : Courageux. / Patient. / Déterminé.



Si vous deviez définir votre vie en France par rapport à celle que vous imaginiez avant d’arriver ?

Ulrich : La réalité est meilleure que toutes les fictions.



Que pensez-vous du système d’accueil aux migrants en occident ?

Ulrich : Je n’en sais rien. J’ai vécu une seule vie, la mienne. Je parle de ce que j’ai vécu sans en faire une généralité. J’ai eu de la chance. Les parcours de chacun sont différents, je ne souhaite pas répondre sur une situation générale.



Le slam que vous avez présenté à l’émission « On n’est pas couché », rend de

nombreux hommages, pourquoi était-ce important pour vous d’écrire ces lignes ?

Ulrich : A travers ce slam, j’ai révélé des événements qui m’ont marqué, des gens qui m’ont donné de la lumière, qui m’ont tendu la main et qui sont partis si tôt, morts avant la fin de l’histoire. Tous ces gens qui m’ont aidé, m’ont servi d’exemples, je voulais leur rendre hommage.



A quel moment avez-vous estimez avoir accompli votre trajet ?

Ulrich : Le trajet n’est pas encore accompli.



Quel est aujourd’hui le regard d’autrui sur vous et votre histoire ?

Ulrich : Le regard des autres sur moi a changé, l’effet médiatique a un impact. Je sais que c’est éphémère et effervescent.



Ulrich CABREL est parvenu à arriver en France et à avoir une vie que de nombreux migrants désirent, pourquoi selon vous certains n’y parviennent pas ?

Ulrich : Chacun a sa vie. Certains ont eu une vie plus glorieuse que la mienne, d’autres ont moins de chances. On ne peut pas généraliser.


Étienne : Comment faire mieux fonctionner l’accueil ? Il faut avoir le courage de l’organiser. La scolarisation est un moment décisif. Les rencontres avec les jeunes français dans les clubs de foot, les mouvements d’éducation populaire ou les ateliers de théâtre favorisent l’insertion. Les immigrés trouvent du boulot auprès des artisans.



Comment s’est déroulé votre rencontre ?

Ulrich : J’ai rencontré Étienne via l’association Cajma22 qui favorise l’accueil à St-Brieuc


Étienne : J’avais accueilli un autre jeune avant. Ça s’était bien passé, il a pu faire valoir ses droits et poursuivre son intégration en France. Quand la présidente de l’association m’a sollicité pour accueillir un nouveau jeune, Ulrich, j’ai dit ok. Je l’ai rencontré à un goûter de l’association un samedi après-midi, et une semaine après, il était chez moi.



Pourquoi avoir voulu raconter ce récit dans un livre ?

Ulrich : L’écriture m’a libéré. C’était une façon de faire sortir cette souffrance de la route qui pesait en moi. Je voulais aussi faire connaître les réalités de la route aux jeunes rêveurs.


Étienne : Cette histoire devait être racontée. En Europe, nous ne prenons pas la mesure du drame qui se déroule à nos portes.



Comment avez-vous procédé pour écrire ce livre ?

Ulrich : J’ai commencé par raconter. Ensuite on a eu l’idée d’écrire. Ce n’était pas triste ! C’était très « capricarolexe » (une joie extrême)


Étienne : Je me suis documenté et nous avons beaucoup dialogué. Le processus d’écriture a été aussi le prétexte pour mieux se connaître. Ulrich est très drôle ; par son humour, il humanise les théâtres de désolation qu’il a dû franchir. J’ai beaucoup rigolé pendant l’écriture de "Boza !".



Quel est votre point de vue sur l’immigration actuelle ?

Ulrich : On pourrait faire beaucoup de belles choses, si l’on sortait d’un système qui oppresse. Il faut libérer les gens, les énergies, il y a trop de talents. Il y a beaucoup de ponts à construire entre l’Afrique et l’Europe, il faut avoir confiance dans la jeunesse.


Étienne : Nous vivons dans un monde en mouvement, relié par les réseaux sociaux. Tout se voit, à commencer par les inégalités. Les jeunes générations ne l’acceptent pas, elles ont raison. La clé, c’est de permettre à chacun de bien vivre dans son pays, et de pouvoir circuler librement.


- Grunge News vous remercie de votre collaboration ! -

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